Notice bio-bibliographique de Claude Mauron

Catalogue des œuvres

La poésie de Delavouët est à la fois métaphysique et simple. Nourrie des mythes universels, elle interroge « l’éternel voyageur », l’homme dans le temps qui s’écoule. Elle s’enracine dans son quotidien et dans son sol, tout en demeurant dépouillée de tout ce qui ne serait que simplement pittoresque.
A partir de 1950 et durant 35 ans, Max-Philippe Delavouët bâtit une œuvre étonnante de richesse et d’unité : le grand poème unique que forment les cinq volumes de Pouèmo, publiés entre 1971 et 1991, avec traduction française de l’auteur en regard.

Bien avant que le premier volume de Pouèmo soit publié (chez Corti en 1971), Max-Philippe Delavouët entreprend un travail d’édition d’art au Bayle-Vert qu’illustrent ses amis peintres. Ainsi, ouvrant la collection, Quatre Cantico pèr l’Age d’Or avec des lithographies d’Auguste Chabaud.

Malgré la reconnaissance parfois trop confidentielle de José Corti (qui édita ses trois premiers volumes), de Lawrence Durrell (qui le proposa pour le prix Nobel) ou de Louis Brauquier (qui lui fit décerner à l’unanimité le grand prix littéraire de Provence avec André Chamson, Gabriel Audisio), de Gustave Thibon, de Jean Grosjean, de Jules Supervielle, de David Shahar… Max-Philippe Delavouët savait qu’en choisissant d’écrire en langue provençale il renonçait à une certaine promotion littéraire, et que nombre de manuels et d’anthologies ignoreraient son œuvre. C’est que, disait-il, écrire en langue provençale fut pour lui une nécessité. Une nécessité contenue dans la convenance intime entre un parler et une pensée, entre le verbe et le monde qu’il contient.

« …ce que j’aime dans le provençal, c’est qu’il s’agit d’une langue neuve. Elle n’a pas été usée, elle est encore concrète, les mots contiennent encore leurs objets… Pour nous, le provençal est comme le français du Roman de la Rose, il a conservé sa sensualité.
Le printemps d’une langue est fait pour la poésie… »

(extrait d’un entretien paru dans Fountains, printemps 1978, traduit par Jean-Yves Masson pour Polyphonies n°21-22/1997)

« …Il faut que vous compreniez que ma poésie n’est pas écrite pour être lue sur la page mais pour être écoutée. Le poème écrit est comme une partition. Et le poème n’est pas là seulement pour être entendu mais pour être dit : il faut qu’il fasse plaisir à la bouche. Il devrait avoir le parfum d’un morceau de fruit savoureux… »

(ibid.)