Lorsqu’il descend au fond de lui-même comme un puisatier, l’homme, dans son entêtement, creuse encore davantage sous les pierres sombres pour trouver, plus bas que tous les fils d’eau, les plus fines racines de ses pensées. Et si les autres font de même, des Esquimaux en haut dans leurs glaces jusqu’aux Noirs en bas dans leurs savanes, comme si tous furetaient dans une même terre, il pourrait y avoir peut-être, au centre de la sphère, quelque chose qui mêle étroitement et la chaleur des nids et la fraîcheur des sources pour apporter en tout lieu du monde – du centre originel que tout homme va rechercher en plongeant en lui-même -, pour apporter aux soleils qui ont des lumières dissemblables, le rameau des mythes uniques et différents. C’est ainsi que tout habitant de la terre, suivant le chemin vertical, sans aller se perdre au loin à droite comme à gauche – hélas, toujours à la surface ! – pourra par amour, dans son jardin et sous son ciel, dans son dire et dans son âme, rejoindre un peu ce qu’on appelle, savamment comme les magisters, l’Universel – ou quelque chose d’approchant.
Max-Philippe Delavouët Extrait de Patrimoine, Marseille : Centre régional de la documentation pédagogique, 1981 photographies de Richard Spinoza et Claude Mourre