Extrait de Pouèmo per Evo :
Traduction du texte lu par l’auteur :
« Que la mer vienne et revienne, que le temps,
une fois la nuit, une fois le jour, batte la terre
et, faisant ses vagues au ciel qui le contient,
reflétant la colère têtue des eaux,
à grands coups d’ombre et de lumière,
use indéfiniment l’homme, sable lui aussi;
que tout le rythme du monde autour de moi
s’en donne à cœur joie, puisque je suis justement cet homme;
que tout cela, sans repos, me racle à vif ;
que le temps dans mon sang avant qu’il ne m’endorme un jour,
emprisonné là pour ma vie,
pour en sortir donne ses coups jusqu’au dernier;
que tout cela soit sans nul sens, que tout cela
se soit fait une vérité de sa force,
que l’homme soit là pour recevoir les coups
et qu’il se fasse battre sans trop comprendre,
qu’il ne sache pas quel sera son but, après,
quand il sera sous la terre et l’ombre du cyprès ;
qu’il devienne, sous la terre, une grande cage d’ossements
où, comme un oiseau mort, un cœur se parchemine,
quand, se changeant en vers et le rongeant comme un bois,
le temps, toujours le temps, à jamais l’anéantit
moi, mort demain et aujourd’hui étrillé,
le temps ne m’empêche pas, moi l’homme, de parler. »